jeudi 2 février 2017

Cherchez le James

J'ai bavé y'a pas longtemps sur Perfidia et sur comment que c'était un coup de génie doublé d'un coup fourré de la part d'Ellroy - à savoir faire un bouquin qui contient déjà tous ses autres mais après - et j'étais toute chose. J'ai donc fini le premier quartet avec White Jazz, que je n'avais toujours pas lu. Ça fait un peu mal au cerveau en ayant tous les personnages en tête qui reviennent après mais en fait c'est avant (Perfidia étant écrit après mais chronologiquement placé avant le premier quartet) et ça m'a donné envie de séries qui suinte le crime et les benzédrines, avec des flics pourris dans tous les coins et des filles perdues à sauver. Je me suis donc penchée sur les adaptations d'Ellroy au cinéma. Il y a L.A. Confidential, que j'avais trouvé pas mal, mais sans plus, The Black Dahlia et Cop, adapté de Blood Moon de la trilogie Hopkins. C'est tout et ça m'étonne en fait: y'a tellement à faire avec ces bouquins, des séries sur 15 saisons avec les trilogies/quadrilogies qui s'entremêlent et se répondent et des retours en arrière qui sont après, enfin un truc de fou furieux qui foutrait définitivement True Detective au placard. Mais bon. 

The Black Dahlia est celui dont j'attendais le plus étant réalisé par de Palma qui n'est pas un mauvais bougre. Je suis pourtant un peu chagrin au final. Le film raconte une histoire de meurtre au départ simple, même si un peu dégueu (une fille coupée en deux balancée dans un champs) et qui se transforme en affaire aux ramifications multiples avec des flics pourris, des gens qui cachent des trucs, des pervers à tous les étages, des riches familles pleines de madame à perles qui bouffent du xanax au rye à partir de 7h du' ; enfin, une ambiance bien fin du monde, toujours à L.A., personnage plutôt que décor, vortex de violence qui engloutit tout. Voilà pour l'histoire. Pour le film: mouais. Il y a un truc chez Ellroy qui le rend très cinématographiable pour moi, un style très sec, précis, concis, des façons d'écrire qui utilisent trois mots pour donner une scène complète, des descentes dans la rapidité, comme un rêve avec trop de café dedans. Bref, on aurait aimé un truc dans le genre, or c'est pas vraiment ça. Tout est très joliment fait pour faire bien 50's: les robes, les coiffures de Scarlett, les belles bagnoles rutilantes et le whisky dans des grands verres, mais franchement, ce truc vintage on s'en branle un peu parce que le texte est sans âge. On collerait plus au truc avec un rythme dans le genre de certains Scorsese ( Bringing out the dead par exemple) qu'avec des petits minets gominés. Mais c'est mon humble avis.

Cop va d'ailleurs plus dans ce sens: pas vraiment de sentiments pour la vraisemblance d'époque ou quoi que ce soit, tout est placé en plein 80's et on va un peu plus vers l'idée de speed. Blood Moon, dont est tiré le film, raconte une histoire purement Ellroysienne: un meutre, une femme morte, un flic qui tourne à l'obsession, une femme à sauver, une histoire d'innocence et de bien VS mal, des questions de fins et de moyens et toujours une descente sans frein qui finit par éjecter notre personnage dans l'hyperespace d'un cerveau complètement cramé aux substances diverses. Le film ne vaut franchement pas grand chose. Pas mal de trucs ont été coupés (normal mais dommage), les acteurs sont plutôt moyens (on retrouve entre autres le James Woods de Videorama, avec sa tête de type taré mais qui n'en fait pas grand chose) et pas mal de trucs sont même carrément très laids dans l'image. Ça manque aussi de rythme, de trucs qui prend aux tripes; ça manque un peu de corps finalement.

Il y a enfin Rampart qui n'est pas adapté d'un livre mais écrit directement par Ellroy. C'est une histoire qui change un peu : un flic bien pourri tendance faisandé commence à se retrouver sous la loupe; un type un peu à l'ancienne qui a du mal a passer aux nouvelles méthodes et qui veut faire respecter ses traditions, style "si tu commences tes frites, tu les finis, bordel". Ok. dans le tas, il y'a bien sûr trop de whisky, de bière, de drogue et de putes en tout genre, il y a une femme avec des couilles-mais-qui-est-en-fait-fragile-et-perdue (je sais pas c'est quoi le problème du cinéma avec ce cliché, genre les meufs font genre elles sont trop fortes mais EN VRAI elles ont besoin d'un type à l'ancienne qui les tienne et leur parle comme de la merde. Merci.) et il y a une famille qui se barre en sucette - enfin là, c'est déjà pas super funky à la base, puisque ce cher David Douglas (Harrelson qui parle toujours autant dans sa barbe invisible) vit avec sa femme et son ex-femme qui n'est autre que sa belle-soeur. Après on s'étonne que ça merde. Tout est bien qui finit mal, comme souvent et on est mi-convaincu mi-molette devant ce film: pas si mauvais dans la descente, une certaine idée du sordide et de la crasse mais pas encore tout à fait ça. Encore un petit effort pour être républicain, donc.

The Blak Dahlia, de Palma, 2006
Cop, Harris, 1988
Rampart, Moverman, 2011

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