jeudi 6 août 2015

Man: 1- Machine: 0

Longtemps vilipendée par les mélomanes septiques (sic) - " c'est même pas de la musique, y'a pas d'instruments" (cqfd?) - , l'electro a fini par se faire des instruments à elle, aussi divers que rigolos, bigarrés qu'ésotériques, avec des petites loupiotes ou des gros boutons: bref, on a fini par s'y faire. Alors se mettre à faire de l'electro avec des vrais instruments du 19e siècle, mais quelle idée saugrenue!

C'est pourtant celle du combo Miss Tétanos und Sri.Fa and Stephen O'Maltine qui se paye le luxe d'un vrai batteur, en chair et en barbe, à la place d'une jolie boîte à rythme, et ici, il faut bien le dire, l'homme l'emporte largement sur la machine.


D'abord l'homme est finalement moins con: une machine ne fera jamais que ce qu'on lui dit - de la merde, donc souvent hélas -, ne pensera pas à donner un avis subversif - "mais heuu.. dis-moi mais c'est pourri ton truc, là"- car elle ne pense pas avec sa petite tête pleine de circuits zélectriques et ne connaît pas grand chose à la musique - à l'instar d'un paquet de gens qui la tripotent (la machine, pas la musique (quoique...)). Ensuite, l'homme est flexible: ingé son de merde, contretemps, coupure d'électricité, tsunami: il tient tête aux éléments et brave les tempêtes, son gros chibre ses baguettes à la main. Enfin, l'être humain a le gros avantage d'être capable de ressentir des émotions, sauf s'il est au MR: entre une machine qui fait krouik et un grand barbu en train de prendre le pied du siècle tout en mettant une méchante raclée à ses toms, seuls les quadra de l'Est toujours pas remis de la mort de Kraftwerk et les propriétaires de galeries scandinaves dépressifs préféreront le premier.

D'autant plus que cette machine humaine était accompagnée d'un indien de l'espace à longs cheveux, sorte de croisement entre Spock et Big Chief, korganiste de son état, et d'une Miss Tétanos en short bavarois heideggerien et lunettes de Terminator. Ceux qui ont suivi les démêlés du philosophe teuton avec le courant cybernétique ne pourront qu'apprécier l'ironie de cette configuration man/machine. Le fait qu'en plus on nous balance de la voix robohypnotisée/modulée grâce à un engin nommé Lexicon a achevé de filer une bonne grosse gaule à notre lobe frontal gauche et jusqu'au fond de notre Dasein tout frétillant.

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