dimanche 12 octobre 2014

Ecran total

Comment me suis-je retrouvée à regarder ce film, très bonne question: Gun Crazy semble pourtant être sur toutes les lèvres. Une histoire d'amour avec des flingues et un couple de braqueurs en cavale - rien de nouveau. Mais il y a un petit charme qui fait tout: notre gentil héros, dont il est dit depuis le début qu'il tue parfois, mais seulement des "choses", va se retrouver, après avoir été séduit par une hétaïre qui manipule la crosse aussi bien que Dolto un symbole phallique, marié sans vraiment avoir eu son mot à dire. Ici, notons la scène de  demande en mariage la plus romantique de l'histoire du cinéma: "heu dis chou, tu t'arrêteras bien au prochain bled pour qu'on trouve un officiel" " un officiel, mais pourquoi donc?" "Bah c'est quand même pas un barman qui va nous marier" "ah donc ça veut dire que..." "oui, je le veux" qui finit d'ailleurs dans un cadre dont toute femme comme il faut rêve:

                              

La classe. Mais c'est sans compter sur cette gourgandine, qui n'est pas qu'une bonne tireuse: elle est aussi méchante comme une teigne et va, avec ses beaux zet longs cils entraîner son cher et tendre toujours plus loin dans le crime, rhaaa - comme le dit le titre: deadly is the woman, mouahaha.

The Wicker Man parle aussi de gens cinglés, mais en plus vintage: le pauvre policier qui se retrouve à enquêter sur une disparition - qui n'en est pas vraiment une, spoiler - voit tout son précieux catéchisme foulé aux pieds par des hordes de hippies qui mangent des pommes et se déguisent en animaux à la pleine lune. On retrouve le bon vieux débat super catho VS païen où le païen est finalement le moins vilain (or is it?) et plein de vieux clichés sur les rites tribaux - danse à poil autour du feu, menhir à la Stonehenge, femmes super chaudasses dont le pouvoir d’ensorcellement traverse les murs (scène intéressante featuring la meuf à Rod Steward) et moralité sur le déclin de façon globale. Parfois un peu lent et certains se sont plaints du manque de meurtre. 

Une soirée Z consacrée aux films punk - voilà qui est bien trouvé. Le premier échantillon, Class of 1984 est plutôt réussi, même si au final pas très punk - c'est l'ordre établi qui gagne- et se sert surtout du prétexte pour confirmer que la Thatcher avait bien raison de fourrer tous ces dévergondés en prison. La situation de départ est intéressante: un lycée dans lequel toute forme d'autorité a disparu au profit d'une punkisation généralisée des élèves qui refusent de jouer en rythme dans l'orchestre et qui portent des jupes bien trop courtes. Entre un jeune prof idéaliste, qui croit changer les choses et rentre en conflit avec le noyau dur. A partir de là, ça pourrait tourner au psychodrame écrit par Bégueaudeau, heureusement, ça part bien en vrille. Entre un vieux qui finit par perdre la boule et donner cours un flingue à la main (mon rêve secret) avant de foncer sur les mioches en bagnole (encore mieux) et une dernière demi-heure en mode "rape and revenge", il y a suffisamment de sang et un happyend qui laisse présager le meilleur pour l'avenir de l'éducation américaine. 

Liquid Sky est visiblement un film culte: je vois bien pourquoi, mais reste qu'il faut une certaine dose de second degré/d'alcool  pour encaisser la chose. Le pitch est pourtant super sexy: des aliens qui se nourrissent d'une hormone produite par le métabolisme à la suite d'un fix d'héroïne se posent sur le toit de l'appart d'une lesbienne-mannequin en pleine crise de bowisation aigue. C'est bien vu, y a toujours plein de drogués chez elle. Mais subtils, les aliens ont capté que ladite substance est également produite lors de l'orgasme. Comme notre wannabe warhol se fait sauter par tout et n'importe quoi, ça tombe bien. C'est là que ça se corse, puisque chaque personne qui jouit dans un certain rayon des aliens est immédiatement absorbé et disparaît. La maligne comprend alors qu'il lui suffit de se faire sauter par ses pires ennemis pour les liquider fissa. Exposé comme ça, c'est un peu limite. Mais c'est sans compter sur l'ambiance performance 80's avec musique inspirée (Me and my rythm box), costumes à épaulettes géantes et maquillages délirants. Le statut culte n'est donc pas volé. On mentionnera aussi le génie du traducteur qui a traduit "alien" par "étranger" donnant un sens métaphorico-politique vachement complexe (et probablement sans aucun sens whatsoever). 

Gun Crazy, Lewis, 1950.
The wicker man, Hardy, 1973
Liquid Sky, Tsukerman, 1982
Class of 1984, Lester, 1982

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